Le Collectif "Les Névroses Détournées"

Né dans l'ombre des grandes scènes et des circuits commerciaux, Les Névroses Détournées est un collectif de musiciens dont la musique résonne comme un cri silencieux contre l’absurdité du monde moderne. S'éloignant des feux de la rampe et des attentes du grand public, ces artistes ont choisi l’autarcie et la discrétion. Installés dans une ferme isolée des Hauts-de-France, ils cultivent leurs légumes et leurs idées, loin des tendances et du consumérisme culturel.

Le collectif est composé de musiciens issus de divers horizons, unis par une volonté commune de repousser les limites de la musique et d'explorer les territoires inexplorés du jazz expérimental. Leur musique, libre et débridée, prend racine dans l'esprit des années 70, où le jazz était une quête d’émancipation. Pourtant, loin d’être un hommage nostalgique, leur style est résolument ancré dans le présent, celui d’une époque où l'illusion du changement a cédé la place à un dégoût palpable du système en place.

 

Pierre-Henri (saxophone), le leader du groupe, est un autodidacte de la musique et un fervent défenseur de l'autosuffisance. S'il joue parfois des airs torturés qui semblent dire "je ne crois plus en rien", il croit fermement en la nécessité de s’extraire de la société de consommation pour créer. "Le succès, c'est la fin de l’art", répète-t-il souvent en grattant son saxophone comme si chaque note était une évasion.

Lucie (batterie), elle, joue avec l'instinct. Les rythmes qu’elle génère sont chaotiques, imprévisibles, bruts, comme une réaction contre l’ordre imposé. Autrefois batteuse dans un groupe de rock progressif, elle a quitté la scène pour trouver une forme de liberté dans les forêts des Hauts-de-France, loin des attentes de l’industrie musicale.

Julien (contrebasse), l'épicurien, a quitté Paris après un burn-out artistique. Il s’est exilé pour se concentrer sur son instrument, mais surtout sur une vie loin du regard des autres. Dans le silence des champs et le bruit de la nature, il a appris à écouter autrement, et sa contrebasse en est le miroir : profonde, résonnante, parfois presque impénétrable.

Sophie (piano et claviers), quant à elle, est une spécialiste du son déformé. Elle joue avec les textures, les échos et les distorsions comme si la musique elle-même était un objet à manipuler, à déconstruire. Ses doigts flottent entre les touches avec une fluidité hypnotique, mais toujours avec ce sentiment de distance. Elle dit souvent que le piano est "un piège" dans lequel elle aime se perdre.

Matthieu (guitare), quant à lui, est un explorateur sonore. Son jeu est un mélange d’accords cassés, de lignes frénétiques et de silences. Il n’a jamais cherché à être le guitariste parfait, préférant s’épanouir dans une approche presque violente de son instrument, déformant la réalité musicale, comme s'il voulait en faire éclater les fondations.

 

Ils n’ont pas d’objectifs commerciaux. Leur seule "ambition" est de tester les limites de leur propre perception et d’offrir une musique qui se confronte sans cesse à l’absurde, tout en rejetant les codes du succès. Ils composent dans leur maison de campagne, entourés de leurs récoltes, et leur musique naît de cette fusion étrange entre le monde agricole, l’expérimentation sonore et un rejet farouche des règles imposées par la société.

Le collectif joue rarement en public, préférant les sessions improvisées dans leur studio isolé, où chaque note semble surgir comme un acte de résistance, un cri de désillusion face à un monde qui continue de tourner malgré tout. Mais quand ils montent sur scène, c’est une expérience rare : un choc musical où la beauté s’entrelace avec la monstruosité, où le chaos devient l’expression ultime d'une époque perdue.

Pour eux, chaque morceau est une porte ouverte, un chemin sans retour vers une réalité alternative, une exploration sans fin de ce qui pourrait être. Car, finalement, ce n’est pas le monde qui doit changer, mais la manière dont on le perçoit. Et tant pis si personne ne les écoute. L’important, c’est ce qu’ils entendent entre les murs de leur studio, dans les champs et au fond de leurs têtes.

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