Sweetmouth : goodbye to songtown
Aimer un disque c’est d’abord s’autoriser à l’aimer … se départir de son groupe , des stéréotypes de celui-ci , des guerres de chapelles , pour ne plus penser qu’au rapport personnel qu’on entretien à l’écoute de celui-ci .
L’unique album de sweethmouth sorti en 1991 , pourrait être un parfait exemple de cette assertion.
Sweethmouth est le projet post fairground attraction de Marc E Nevin . Fairground attraction est groupe écossais de la seconde partie des années 80 , qui a connu un grand succès au Royaume Uni avec leur premier single perfect tiré de leur premier album first of a million kisses . La chanteuse Eddie reader quittera fairground attraction après la sortie de ce premier album multi récompensé .
On ne peut pas vraiment dire que j’étais particulièrement fan de Fairground attraction , j’ai d’ailleurs revendu récemment ce premier album que je n’écoutais jamais . Il se trouve que ce matin , je retombe par hasard sur un titre de celui-ci et trouve ça très réussi . Comme quoi , je devrais réfléchir plus longtemps avant de revendre un disque … tant pis , je serai condamné à l’écouter en streaming désormais .
Fouillant un peu dans mes souvenirs pour tenter de me rappeler comment j’avais fait l’acquisition de cet album , qui ne correspondait pas vraiment au style de musique que le monomaniaque que j’étais à l’époque avait tendance à écouter ( comprenez par là , bien trop soul , trop jazz , trop smooth pour l’ex corbeau que j’étais) . Le point d’entrée dans la discographie de Marc Nevin n’est autre que Morrissey , fraichement évadé des Smiths , qui a déjà , à l’époque sorti un premier album Viva Hate , avec le vénéré Viny Reilly de Durutti Column .
Sur son second album , Kill uncle , sorti en 1991, il s’associe à Mark Nevin . Kill uncle bien qu’irrégulier reste encore un disque fréquentable de Morrissey , notamment sur sa seconde face hormis l’ignoble found found found , complétement râté .
L’intéret que je porte à cet album , me fait me pencher sur la discographie de Mark Nevin . La même année que Kill uncle, sort justement Sweetmouth , collaboration entre Mark E Nevin et Brian Kennedy , chanteur irlandais qui a tourné avec Fairground attraction à l’époque et qu’on retrouvera quelques années plus tard sur les plateaux de l’eurovision pour un titre sirupeux à souhait, every song is a cry for love que je vous épargne . l’ unique album de sweetmouth goodbye to songtown, est composé de titres prévus pour le second album de faiground attraction qui ne verra jamais le jour
En 1991, je suis encore étudiant , on ne peut pas dire que je roule sur l’or ( encore moins que maintenant , c’est pour dire ! ) , et chaque achat d’album doit être pesé , pensé , accepté par mon banquier interne ( qui reste bien plus cool que mon banquier réel )mais qui fait que quand Meme chaque achat ne saurait céder à l’impulsivité (ou du moins, pas trop) .
Après une ferme négociation , j’achète quasiment simultanément le premier fairground attraction pour une poignée d’euros et le sweetmouth au prix fort .
Lorsque j’achète un disque à l’époque , il me faut , pour calmer mon banquier interne , le rentabiliser par un certain nombre d’écoutes .
La première écoute de Sweethmouth n’est pas vraiment convaincante , malheureusement . Le duo Nevin / Kennedy est bien trop éloigné de celui de Nevin /morrissey
Mais il faut calmer Frankie mon banquier interne qui enrage de me voir jeter le peu d’argent que j’ai par les fenêtres . Alors, on y replonge , une fois, puis deux , puis trois … Et petit à petit , on commence à apprécier des arpèges de guitares , une rythmique jazzy , même certains titres presque flamenco , un reggae acoustico jazz et même cette voix qui rappelle étrangement George Michael …
Devrais je remercier mon banquier interne de m’avoir ouvert les oreilles et de m’être affranchi de mes aprioris . Bien évidemment , car c’est bien connu , votre banquier est votre meilleur ami .
Cette semaine, on a redécouvert le seul et unique album de Sweetmouth.
On a commencé par Dangerous, morceau fragile où la métaphore du trapéziste raconte la peur et le soulagement d’aimer, porté par des cordes qui réchauffent la voix de Brian Kennedy.
Puis Home to Heartache, entre flamenco feutré et écho d’Elvis, une chanson qui refuse de s’enfermer dans un foyer devenu source de douleur.
Avec I Know Why the Willow Weeps, le ton devient plus grave : un rocksteady acoustique où le saule pleureur observe l’indifférence humaine face à la souffrance du monde.
Forgiveness a ensuite apporté une respiration, sur guitare acoustique, orgue Hammond et cordes, pour dire l’importance du pardon et du mot qui apaise.
Enfin, A Prayer to Saint Valentine a refermé l’album sur une prière inquiète, où l’harmonium sonne comme une fanfare triste, témoin d’un amour qui vacille et que l’on voudrait retenir.
Un disque singulier, à la fois discret et profondément touchant, qui reste comme une parenthèse rare dans la fin des années 90.
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