Polar : Bipolar

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Cette semaine dans Roule Galette, nous partons à l’écoute du second album de Polar, projet de l’Irlandais-suisse Eric Linder. Sorti en mai 1998 sur son propre label How I Feel Records, il connaîtra ensuite une diffusion plus large, enrichie d’un titre remixé par Kid Loco, via East West.

Polar débarque sur la scène française grâce à Miossec, dont il assure la première partie pendant la tournée de Baiser. On le retrouve logiquement à l’Aéronef, où il distribue tranquillement un CD 3 pouces inédit à la sortie du concert. Il n’a alors à son actif qu’un seul disque, sobrement intitulé 1, mais déjà très prometteur.

En 1998, il revient avec Bipolar, un album plus produit, enregistré dans un chalet suisse perdu dans la montagne. Le son, plus ample, bénéficie du travail de l’ingénieur Nicolas Sandoz. Parmi les musiciens : Bernard Trontin à la batterie, Jean-Luc Riesen à la basse, Olivier Mellano à la guitare, Jean-Pierre Mercier…

Dans une interview accordée à Jean-Philippe Bernard pour Le Temps, Eric Linder raconte :

« J'enregistrais tard et ensuite, avant de dormir quelques heures, j'écrivais les paroles et peaufinais les mélodies des titres que nous allions coucher sur bande le lendemain. Ce chalet est l'endroit idéal pour fonctionner de la sorte. Impossible d'imaginer la même liberté dans un studio d'enregistrement traditionnel. Ici, seul le disque comptait. On a travaillé jusqu'à l'épuisement. En janvier, lorsqu'il a neigé sans discontinuité durant 48 heures, on ne pouvait même plus atteindre la voiture à 20 mètres de là. C'était essentiel pour moi de rester loin des rumeurs du monde. Un soir, nous avons décidé de faire l'unique break du séjour en allant manger une pizza à Verbier. Quand je me suis retrouvé au milieu des rues, dans la foule, je me suis senti complètement perdu… »

Ces mots traduisent bien la relation intime que l’on peut avoir avec ce disque, même si le propos est moins brut que sur le premier album, enregistré dans la cuisine de son appartement. On retrouve toutefois cette recherche d’isolement pour mieux créer une proximité avec l’auditeur. Comme son prédécesseur, Bipolar est un album captivant.

Nous avions eu l’occasion d’interviewer Polar à l’époque lors de sa venue au Grand Mix, moment marquant le début de relations compliquées avec cette salle, dans un contexte un peu surréaliste : la chargée de com avait tenu à assister à l’entretien — par manque de confiance ? par intérêt ? pour justifier ses heures ? Mystère.

Polar y évoquait ses relations difficiles avec son père, mais aussi sa volonté de se défaire de l’étiquette “folkeux” héritée du premier album, et de donner à ce disque une dimension plus pop. Objectif atteint : Bipolar est imparable de bout en bout, au point qu’il est difficile de choisir 5 morceaux pour illustrer ces propos.

Le plus simple pour vous restant de vous procurer l’album sur des plateformes dédiées , car en plus , il a la très bonne idée de ne pas être disponible en streaming .

Je vous rassure , il ne coûte presque rien , preuve en est que la qualité ne se mesure pas à son prix , loin de toutes les spéculations exécrables des « fameux » diggers plus intéressés par la valeur marchande d’un disque que par sa qualité intrinsèque .

 

Cette semaine, on s’est plongés dans Bipolar, le deuxième album de Polar, projet d’Eric Linder.
On a ouvert avec Bipolar Dream, morceau imparable, hymne fragile et lumineux, qui aurait mérité de devenir un classique.
Puis Song for F.A, tout en délicatesse, avec ses balais, son xylophone et ce motif entêtant à la guitare acoustique, comme suspendu entre veille et sommeil.
City Angst a marqué la volonté de quitter le folk intime pour explorer d’autres textures : boîte à rythme Casio, Rhodes, basse obsédante, batterie aux balais, un pas de côté qui élargit l’horizon sonore.
Avec The Man Who Never Was, Polar livre une pop song parfaite, sans surcharge ni artifice, simplement évidente.
Enfin, Leave Me Alone clôt la sélection sur une tension sourde, une montée qui dérange autant qu’elle captive.

Un disque de 1998 qui garde toute sa force et qu’on ne se lasse pas de redécouvrir.

 

 

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