PORTRAIT OF DAVID : these days are hard to ignore , 2001 Racing Junior /Glitterhouse/Talitres

New Zealand Landscape GIF

 

Cette semaine dans Roule Galette, je vous emmène en Norvège avec Olaf Fløttum, alias Portrait of David, et son unique album These Days Are Hard to Ignore, sorti en 2001 chez Racing Junior et distribué plus tard en France via Glitterhouse/Talitres.

Olaf Flottum est un musicien qu’on a pu voir derrière le projet krautrock Salvatore mais aussi dans le très mélancolique the white birch . Depuis quelques années , il s’est concentré sur la bande originale de film notamment dans les films de Joachim Trier , sous son propre nom

C’est  après le récent visionnage d’Oslo 31 Août , que son disque sous le pseudo Portrait of david , s’est rappelé à moi . 

C’est un disque profondément intimiste, enregistré avec des moyens réduits, dans la salle à manger de Fløttum lui-même, avec l’aide d’amis proches dont Helge Sten de Motorpsycho pour la production. On y retrouve le souci du détail et de l’orchestration : piano, quelques cordes et petites touches discrètes créent un univers feutré, fragile et pourtant plein de présence. On imagine aisément la neige dehors, la lueur du jour disparaissant lentement, le craquement d’une cheminée, et les discussions tardives qui ont façonné ces morceaux.

These Days Are Hard to Ignore est un disque de repli sur soi, de contemplation et d’introspection. Les paysages scandinaves, la solitude et la mélancolie s’y mêlent, évoquant des moments suspendus, comme ceux que j’ai vécus moi-même sur un lit d’hôpital, après une opération, écoutant ces chansons au crépuscule en regardant la campagne et le ciel tomber. C’est un album qui installe une atmosphère douce-amère, à la fois apaisante et pénétrante, où l’ écoute devient un voyage intérieur.

Musicalement, on peut  penser à The White Birch l’autre projet d’Olaf Flotum , à Sylvain Chauveau dans ses moments les plus intimistes, ou encore  à Max Richter .

Mais au-delà de ces références, c’est surtout la sensibilité de Fløttum et son approche minimaliste qui marquent l’album, et qui le rendent unique. 

These days are hard to ignore est le disque de la semaine dans roule galette . 

Nine Day Wonders démarre sur  un brouillard sonore où émerge un piano lent, minimal et répétitif. La voix, lente et fatiguée, presque parlée, rappelle certains morceaux introspectifs de Perry Blake ou de Vincent Gallo, et renforce la dimension intime du morceau.

Le violon et le violoncelle d’Ole Henrik Moen accompagne cette atmosphère subtile, ajoutant des nuances délicates et un sentiment de flottement. Le morceau se divise en deux parties : la première, avec  ce climat suspendu, et la deuxième introduit un sifflement étrange, indéfinissable, qui accentue  la mélancolie de la pièce.

Nine Day Wonders parle d’enfance et de souvenirs perdus, avec une mélancolie diffuse et contemplative. 

Beautiful Flimsy Kite glisse doucement comme un balancement doux en rocking-chair chair , guitare et percussions minimalistes, synthé mélancolique et piano viennent souligner cette rêverie suspendue. La slide guitar ajoute une touche presqu’aquatique et dépressive, tandis que les paroles racontent la perte d’un objet précieux, métaphore de souvenirs fragiles et flottants.

Constant Flow s’écoule en toute simplicité, synthé lointain, guitare acoustique et voix presque instrumentale, toutes enveloppées de reverb et d’écho. La mélodie minimaliste et flottante rappelle Sigur Rós, mais avec une retenue subtile et intime, comme un murmure qui glisse au fil du temps.

Sweet Thief nous plonge à nouveau dans l’atmosphère du rocking chair. Piano et guitare se mêlent comme un très lointain blues scandinave, éclairé à la bougie, intimiste et fragile. La voix, douce et posée, accompagne les images de solitude contemplative du texte : observer le monde évoluer depuis une chaise, laisser filer le temps, et rêver qu’un « sweet thief » vienne subtiliser ces instants. Un morceau absolument magnifique, suspendu entre mélancolie et poésie tranquille.

David’s portrait clôture parfaitement  la semaine .  On retrouve cette guitare folk  minimaliste et les sons de synthé légèrement  présents  comme une brise. La voix se pose comme un souffle sur les souvenirs de l’enfance : « I slept like a child in the arms of the horseman… ». On a l’impression d’être dans un conte raconté doucement, avec des bruits de vent et un souffle d’air qui traverse l’espace musical. La dimension introspective et méditative de l’album atteint ici son apogée, laissant l’auditeur suspendu entre nostalgie et émerveillement.

Soutenez-nous sur Tipeee !