
Sorti en 1993, Giant Steps des Boo Radleys est le troisème album du groupe , un album qui échappe à toute classification rapide.
Originaire de Liverpool, Le groupe, s’y affranchit totalement des codes du shoegaze et de la pop indépendante pour livrer un objet Musical DIFFICILEMENT IDENTIFIABLE : dense, mouvant, changeant, parfois déroutant, mais toujours pertinent.
La première impression à l’écoute du disque est la variété des textures : guitares saturées mouvantes un peu à la my bloody valentine , comme sur leur album précédent ( everything’s alright forever) , mais jamais figées dans le mur de son ; la basse est profonde, souvent teintée de dub ; on y entend aussi des cuivres qui surgissent comme dans une fanfare psychédélique ; de la flûte, des bois, des chœurs, et des effets de studio qui éclatent de partout.
On peut entendre dans ce disque autant un héritage Beatles ouvertement cités dans the white noise revisited — pour le goût des formes éclatées, des ruptures et des harmonies — qu’un amour assumé pour le reggae, la pop orchestrale, même des clins d’oeil à Morricone .
L’audace du groupe réside dans cette manière de mélanger les genres sans jamais perdre son fil. Les morceaux changent de direction, se stoppent net, repartent ailleurs, glissent d’un univers à l'autre sans prévenir. On passe du calme absolu à la saturation la plus folle, d’un couplet à la Carpenters à une tempête noise, d’une ballade acoustique à un passage de dub brumeux ou à des envolées de cuivres dignes d’un générique de western psychédélique.
Malgré cette complexité, la voix de Sice reste claire et distincte dans le mix, ce qui fait déjà une différence avec beaucoup de groupes de la même époque. On comprend les mots, on entend
l’intention, on repère les mélodies — même quand tout autour explose ou se déforme.
L’album accueille également plusieurs invités, venus de formations voisines de la scène indé : chanteuses, musiciens de cuivres, collaborateurs qui donnent encore plus d’ampleur au projet.
À sa sortie, Giant Steps a été salué comme un choc. Select l’a élu album de l’année. NME et Melody Maker l’ont classé parmi les grandes réussites de 1993. Pourtant, sa reconnaissance est restée essentiellement critique : c’est un disque culte, un disque respecté, un disque consulté, mais pas un disque « populaire » au sens grand public. Et c’est peut-être mieux ainsi : il garde ce statut d’ovni, de laboratoire pop parfaitement assumé.
Son titre renvoie à Coltrane — pas pour copier le jazz, mais pour signaler la démarche : repousser les limites, ne rien s’interdire, construire un album comme une aventure. Giant Steps n’est pas un disque à écouter d’une oreille distraite : c’est un album à plonger dedans pour découvrir quelque chose qui nous aurait échappé .
Trois décennies plus tard, il reste fascinant. Non seulement il n’a pas vieilli, mais certains passages semblent presque annoncer des directions que prendra la pop expérimentale bien après lui.
Le groupe se sépare en 1999 , avant de refaire surface en 2022 sans la présence de martin Carr , guitariste et songwriter du groupe . Ils étaient récemment en tournée qui est passée par Tourcoing . Ils passeront en février 2026 au Poche à Béthune .
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