SIMPLE MINDS : Empires & Dance

Cette semaine dans Roule Galette, on revient à une époque où Simple Minds n’avait rien de FM, ni d’arène rock, ni de tubes radiophoniques. Empires and Dance est leur troisième album, sorti en 1980 sur Arista, et c’est probablement le plus froid, le plus radical et le plus européen de leur discographie.
C’est un disque qui sent encore la sueur des clubs post-punk, mais qui regarde déjà vers la sophistication électronique et les paysages industriels d’une Europe en mutation. Un disque qui aurait pu sortir sur Factory ou sur Mute, tant il évoque à la fois Joy Division, Magazine, Ultravox période John Foxx, et le krautrock motorik de Neu!.
Jim Kerr et ses compagnons y jouent une musique de transe urbaine : section rythmique exceptionnellement inventive , guitares tranchantes, synthés menaçants, voix sombre à moitié halluciné. Tout y semble à la fois dansant et désincarné, obsédé par la répétition, la vitesse, la tension.
C’est l’un de ces albums-ponts entre le rock et l’électronique, entre le charnel et le mécanique.
Enregistré en une dizaine de jours dans un studio gallois, produit par John Leckie (Radiohead, Marc Seberg), Empires and Dance est aussi le disque où Simple Minds trouve vraiment sa personnalité — celle d’un groupe européen, plus influencé par Berlin que par Londres.
Si vous pensiez encore que simple minds ne se résumait qu’à un titre, le discutable Don’t you , il est grand temps pour vous d’écouter ce roule galette consacré à leur album de 1980 , empires and dance .
Nous démarrons cette semaine avec le glacé et sombre today i died again : Jim Kerr parle ici de l’aliénation individuelle, de la perte de mémoire et d’identité,et de la chute des systèmes (politiques, sociaux, moraux).C’est une chanson froide, presque dystopique. Simple Minds y dépeint un monde vidé de sens, où mourir chaque jour est devenu normal.
C’est à la fois poétique, triste, et d’une lucidité glaçante et surtout terriblement d’actualité .
“Celebrate” parle d’un monde déshumanisé, où :l’amour est rare, les gens vivent comme des soldats ou des automates,la société célèbre la surface plutôt que le sens,
et la seule chose qu’il reste à “célébrer”, c’est la survie elle-même.C’est une critique à la fois politique et existentielle : Simple Minds montre ici une humanité moderne prise entre le confort matériel et le vide spirituel.
Capital City décrit la vie urbaine comme un organisme vivant et impitoyable, où les habitants suivent un rythme mécanique, parfois violent, et où l’identité individuelle se fond dans la pulsation de la ville.C’est un portrait abstrait et sensoriel de la métropole moderne, à la fois fascinante et oppressante.
Thirty Frames a Second est une méditation sur la régression, la perte d’identité et la désorientation dans le monde moderne. Le narrateur voit sa vie et la société revenir en arrière comme un film inversé, confronté à l’angoisse, au chaos et à la fragilité de l’existence.
“This Fear of Gods” plonge dans l’angoisse et l’aliénation de l’homme face au divin. La peur des dieux n’est pas seulement celle du jugement, mais la désillusion éprouvée lorsqu’on attend un dieu qui ne se manifeste pas comme espéré. Les images de violence, de luxure et de souffrance reflètent alors les conséquences de la condition humaine sous le regard d’un sacré absent ou inattendu. La répétition des voix, des cris et des visions traduit cette angoisse intime et universelle, rappelant que l’homme porte seul la responsabilité de ses illusions et de ses actes.
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