BAMBARA MYSTIC SOUL

Cette semaine DANS Roule Galette, je vous propose la compilation Bambara Mystic Soul, une sélection de morceaux enregistrés au Burkina Faso dans les années 70, à l’époque de l’ancienne Haute-Volta.
Une compilation qui a joué un rôle de détonateur et m’a permis de m’ouvrir à tout un pan de musique que je ne connaissais pas ou plutôt que je ne cherchais pas à connaître , bien ancré dans mes rassurantes certitudes . Avant ce disque , j’écoutais du rock indépendant sous toutes ses formes , de la chanson française, de la folk , des musiques électroniques et une dose importante d’ambient . Les grooves africains, la soul et le funk, je n’y prêtais pas vraiment attention.
Cette compilation a été mon premier vrai contact délibéré avec ces sons : elle m’a ouvert les oreilles à des univers sinon étonnants , du moins nouveaux pour moi , et qui pouvaient être à la fois hypnotiques, dansants et profondément addictifs.
Ce disque m’a permis de découvrir une musique dans ce qu’elle a de plus riche et de plus diversifié. On y retrouve des influences mandingues, des rythmes afro-latins, des touches psychédéliques, de la funk et de la soul, le tout dans un son brut, presque “raw”, qui restitue l’énergie et la vitalité de cette scène musicale. Les imperfections de l’enregistrement, les cassures de bande ou les voix un peu détachées, loin d’être un défaut, renforcent ce sentiment d’authenticité et de proximité.
Avec cette compilation qui a ouvert la voie pour moi à tant d’autres , je comprends que je ne peux pas réduire cette musique à ces termes réducteurs de “musique africaine” ou “world music”. Chaque morceau a sa propre couleur, son propre groove, et raconte une histoire qui lui est propre, ancrée dans un contexte social, culturel et politique.
C’est aussi une compilation qui témoigne du travail remarquable d’un label : Analog Africa. Pendant longtemps, j’avais une idée plutôt négative des compilations :synonymes de recyclages, de fonds de tiroirs , à visée purement mercantiles , elles évoquaient pour moi les pitoyables publicités pour la plus grande discothèque du monde . Autant dire, qu’une fois encore , j’avais tort , Michel . Ses compilations m’ont permis de faire la distinction entre la sélection et le DJ set , entre deux objectifs différents mais pas forcément incompatibles .
La sélectionna été minutieusement pensée , remis en contexte, souvent accompagné d’un livret riche de 30 à 40 pages qui explique l’histoire de l’artiste, de la scène locale, des conditions d’enregistrement et des influences musicales. C’est une plongée dans l’histoire de la musique burkinabè des années 70, avec toutes ses tensions, ses innovations et ses expérimentations.
Pour moi, cette compilation a été un pont entre mes anciennes écoutes et une ouverture nouvelle. J’ai commencé à écouter des choses que je n’aurais jamais imaginé aimer : du heavy funk, de la soul psychédélique, des grooves hypnotiques et des percussions traditionnelles revisitées. Et petit à petit, j’ai compris que cette musique racontait des histoires, portait des émotions et des témoignages que je n’avais jamais rencontrés auparavant.
Quand j’ai ouvert mon magasin de disques, je me suis naturellement tourné vers ce type de labels — Analog Africa, Soundway, Soul Jazz — pour proposer à d’autres ces compilations. Parce que, sans ce travail de réédition et de mise en lumière, ces artistes seraient restés quasiment invisibles, et leur musique perdue. Cette semaine,JE VOUS PROPOSE BAMBARA MYSTIC SOUL entre tradition et modernité, entre énergie brute et finesse mélodique, qui témoigne d’une scène rare et fascinante.
Cette semaine, on s’est plongé dans la compilation Bambara Mystic Soul du Burkina Faso, et on a traversé cinq titres qui montrent vraiment toute la richesse de cette scène.
Lundi, on a commencé avec “Bar Konou Mousso” d’Amadou Ballaké & l’Orchestre Super Volta. Un morceau qui raconte la vie nocturne, les bars, les rencontres, avec ce groove cru et vivant typique de Ballaké.
Mardi, on a écouté “Kodjougou” d’Abdoulaye Cissé. Là, on est dans quelque chose de plus tendu, plus nerveux, porté par un riff de guitare qui frappe comme un appel. Un morceau qui dégage une vraie urgence.
Mercredi, c’était “Dambakalé” de Compaoré Issouf. Plus sensuel, plus dansant, presque charmeur. Un titre qui fonctionne par son swing et son ambiance enveloppante.
Jeudi, on a retrouvé Amadou Ballaké avec “Renouveau”, un morceau marqué par son mélange d’influences — afro-latin, mandingue, funk — et ce côté un peu hanté lié aux imperfections de la bande d’origine.
Et vendredi, on a terminé avec “Katougou” de Richard Seydou Traoré & Les Vadou du Flamboyant. Un morceau festif, riche en percussions et en énergie, qui montre l’ampleur rythmique de la scène burkinabè.
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