Des chèvres , je gardais en tête cet épisode tragico barbare des lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet , et sa morale liberticide qu’en bon idéaliste , je ne pouvais me résoudre à accepter.
Après tout , le projet de Saravadio pourrait se résumer comme l’exact opposé de la morale de la chèvre de Mr Seguin . Cette morale qui conviendrait qu 'on ne doit pas se lancer la tête la première dans un milieu inconnu m'est particulièrement insoutenable , parce qu’ elle érigerait la méfiance et la sédentarité en mode de vie, là où ne peut faire société qu’en faisant confiance et en s’ouvrant à autrui.
Si je peux partager la méfiance et la tristesse de Mr Seguin , je ne peux m’empêcher de me sentir plus proche de l’esprit de liberté qui anime Blanquette dans sa volonté d’aller côtoyer la montagne au risque de devoir combattre l’adversité .
Les Ping pong , sont finalement basés sur cela : la rencontre , la découverte , la volonté de croire en son prochain pour peu que celui-ci ne soit pas un adorateur de Bolloré ou d’Elon Musk.
Par ailleurs, il y a quelque chose de l’erreur symbolique chez Daudet quand il fait vivre le méchant loup dans la montagne du coté de la liberté , alors qu’il me semble , que , comme chez Reggiani , le loup est à chercher du côté de l’assujettissement et de la servitude .
Il me fallait donc briser cette mémoire mortifère de Mr Seguin et cherchait à reconstruire une imagerie , plus saine et moins plombante que cette lutte contre le méchant loup .
Et quoi de mieux qu’une balade à Fressin à la chèvrerie de la planquette pour déconstruire cette mémoire effrayante .
Il règne lorsque l’on arrive à la chèvrerie de la planquette une ambiance étonnante , où les gens parlent, questionnent , s’émerveillent , retrouvent leur âme d’enfant dans une simplicité qui force l’admiration.
J’avais prévu des tas de questions en allant rencontrer Nicolas , mais elles ne me furent pas utiles , tant Nicolas s’est montré à l’image de son projet : Accueillant , passionné et ouvert à la discussion.
Aussi , s’il y a des questions que vous rêveriez de poser et qui ne figurent pas dans ce reportage, je ne pourrais que vous encourager à faire le chemin jusqu’à Fressin , par ailleurs, charmant village où vécut Bernanos .
Petit conseil , allez- y un vendredi soir à partir de 17 heures, vous y trouverez l’indispensable camion à la noix (un vendredi sur 2) mais aussi les légumes d’antan , et bien évidemment les fromages de Chèvre de Nicolas et de son épouse . Nul doute qu’ils se feront un plaisir de répondre à vos questions et nul doute que vous sortirez de là, conquis, épris de liberté, et avec l’envie de croire encore, passionnément, en l’être humain . Tout de suite, c’est ping Pong #18, portrait local, la chèvrerie de la planquette , à Fressin.
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